Kawasaki Z 900 vs Yamaha MT-09

Kawasaki Z 900 et Yamaha MT-09 : toutes deux coûtent moins de 10 000 francs. Toutes deux développent nettement plus de 100 CV. Toutes deux remplissent l'estomac des motards avec des performances de haut niveau. Les deux sont présentées de manière appétissante. Mais au menu, ce n'est pas du Chateaubriand dans un temple de la gastronomie, mais du Schnippo au Rössli du coin.
Commençons par le commencement : Ce que la toute nouvelle Kawasaki Z 900 et la Yamaha MT-09 retravaillée ont à offrir pour moins de dix mille francs est tout simplement hallucinant. Ces deux machines sont accessibles à tous, elles sont joliment stylisées et contemporaines, et elles offrent des performances qui, il y a une dizaine d'années encore, auraient nécessité des efforts considérables de la part de supersportives de haut niveau. La Yamaha MT-09 est le cerf de la place. Avec son trois cylindres en ligne, elle a pris la deuxième place du hit-parade suisse des ventes en 2015, derrière sa sœur à deux cylindres MT-07, et en 2016, elle a tout de même réussi à se hisser à la quatrième place. Pour 2017, une mise à jour importante a été effectuée : les nouveautés sont notamment le style martial de la MT-10 à l'avant, l'adaptation à la norme Euro 4, y compris la cartographie révisée, le système d'échappement et l'embrayage anti-hopping. Un contrôle de traction à deux niveaux et trois modes de conduite (A, Standard et B) sont déjà à bord depuis 2016.Un concept similaire, mais un aspect différentLe challenger vient - une fois de plus - de Kawasaki. Tout comme la nouvelle Z 650 doit renverser le super-seller de Yamaha, la MT-07, la Z 900 représente une attaque frontale contre la MT-09, dont le succès est à peine moindre. Avec un concept identique, un prix presque identique et un nom légendaire, les fans conscients des coûts doivent être attirés vers les "vertes". Le nom Z 900 - la 900 Z1 Super Four a fait fureur en 1972 - est trompeur : à part le nombre de cylindres (quatre en ligne) et les mêmes lettres et chiffres dans la désignation du type, la nouvelle Z 900 n'a rien en commun avec son aïeule. En effet, la Z 1, entrée dans l'histoire comme la "fille de Frankenstein", était certes une moto au design magnifique, mais elle n'en restait pas moins une bête à piloter de manière sportive uniquement par des experts et après diverses améliorations, avec un cadre spaghetti, un moteur à quatre cylindres vibrant à haute fréquence et des freins qui se fatiguent dangereusement vite, tandis que la nouvelle Z 900 se veut être un trésor à l'aspect certes maléfique, mais néanmoins douillet pour tous les jours et tous les usages. La seule chose qui rend la Z 900 2017 peut-être un peu nerveuse, c'est l'absence de contrôle de traction, compte tenu de ses 125 chevaux. Les modes de conduite brillent également par leur absence, contrairement à la MT-09.Les moteurs : Autre concept, Présentations similaires Pour les moteurs, c'est l'égalité. Ce que le trois cylindres de 847 cm3 de la MT-09 donne avec un grondement rauque, une pression saturée de très bas en haut jusqu'à cinq chiffres, une joie de tourner addictive et une régularité de marche exemplaire, le quatre cylindres de 948 cm3 de la Z 900 le compense avec une réponse encore plus fine et un déploiement de puissance incroyablement musclé à mi-régime. Les 101 centimètres cubes supplémentaires de la Kawasaki sont perceptibles, on passe plus facilement les vitesses avec la Z 900 qu'avec la MT-09. Les performances absolues et l'accélération sont en revanche pratiquement identiques ; les quelques chevaux supplémentaires de la Kawasaki (125 contre 115) sont facilement compensés par le poids inférieur de la Yamaha (193 kg en ordre de marche contre 210).Châssis : loué soit celui qui rend dur ?Le châssis de la MT-09 est nettement plus souple que celui de la Z 900, qui est très ferme, surtout à l'arrière, et ne réagit pas très finement aux irrégularités. En revanche, la stabilité et la précision de la direction de la Z 900 sont de tout premier ordre, des motos bien plus chères ne peuvent pas rivaliser. Le comportement routier est absolument neutre, l'équilibre est excellent et même lors des freinages en position inclinée, il n'y a pas de moment d'appui à déplorer. La Yamaha est tout aussi stable à l'avant avec sa fourche entièrement réglable, mais l'amortisseur central réglé de manière très souple atteint rapidement ses limites en conduite sportive. L'arrière un peu spongieux apporte alors de l'agitation dans la structure et dilue la ligne visée. Les plus sportifs opteront pour un amortisseur arrière de meilleure qualité. Ce que la Yamaha perd par rapport à la Kawasaki en termes de stabilité et de précision de direction, elle le compense par un confort nettement supérieur sur les mauvaises routes. Là où, sur des routes couvertes de plaques, le cavalier de la Kawa se fait presque arracher le guidon des doigts et doit digérer de violents coups dans le derrière, le dompteur de la Yamaha se sent encore parfaitement à l'aise.Un snippo de qualité supérieure Mais comme presque toujours de nos jours, cette critique se situe au-dessus d'un niveau très, très élevé. Et elle ne peut même pas commencer à cacher le fait que la Kawasaki Z 900 et la Yamaha MT-09 offrent toutes deux beaucoup pour peu d'argent. En d'autres termes : du snippo, oui, mais en qualité de gourmet.